Les évolutions démographiques sont souvent dépeintes sur un mode alarmiste, entre « effondrement de la natalité », « vieillissement de la population » ou « explosion des migrations », dans un registre le plus souvent dramatique et sans nuances. Un rapport récent des Nations unies parle d’anxiété démographique et appelle à présenter et à penser différemment les questions de population [UNFPA, 2023]. L’objectif de ce chapitre est de revenir aux faits, en exposant l’évolution des principales tendances démographiques depuis 1950 et leurs effets économiques, à la lumière de la recherche contemporaine en économie démographique. Les données démographiques utilisées proviennent de l’édition 2024 des Perspectives de la population mondiale des Nations unies, qui font la référence en la matière. Faute de pouvoir détailler l’ensemble des pays ou des groupes possibles de pays, on retiendra ici la classification de la Banque mondiale qui distingue trois catégories de pays selon leur niveau de développement : les pays à revenu élevé, les pays à revenu intermédiaire et les pays à faible revenu. Cette approche permet de saisir les différences considérables d’évolution démographique selon le niveau de développement, et surtout, d’analyser leurs conséquences économiques spécifiques. L’anxiété démographique se nourrit exclusivement d’un discours sur les coûts économiques des évolutions démographiques et ignore délibérément les bénéfices et opportunités qu’elles engendrent. Il faut au contraire une approche apaisée de ces phénomènes, qui, parce qu’ils sont majeurs, doivent être appréhendés rationnellement.